Les réfugiés et le droit d’asile
Lorsque les réfugiés prennent la décision difficile de quitter leur foyer et leur pays, ou de se lancer dans des voyages dangereux avec des perspectives incertaines, ils agissent par désespoir. La persécution et les conflits sont à la hausse. Partout dans le monde, plus de 65 millions de personnes sont toujours déplacées par la force – le plus grand nombre depuis la Seconde guerre mondiale. Pendant douze mois en 2015-16 ce chiffre a augmenté de plus de 5 millions, avec autant de 40 000 déplacés chaque jour.
Entre autres héritages durables de l'effort international pour soutenir l'Afghanistan, y compris les élections répétées, les libertés fondamentales et plus de dix millions d'enfants à l'école, le retour de plus de cinq millions de réfugiés a été une étape singulière. Mais les migrants afghans sont de nouveau en mouvement. Il n'y aura pas de solution durable à la crise mondiale du déplacement sans la résolution permanente des conflits et des accords de paix définitifs en Afghanistan, en Irak, en Syrie, en Libye, au Yémen, au Soudan du Sud et ailleurs dans la Corne de l'Afrique, l'Asie du Sud-Est et l'Amérique centrale.
En d'autres termes, la meilleure façon d'aider les réfugiés et les autres personnes déplacées dans le monde est d'utiliser la négociation et la diplomatie soutenues par la force militaire pour parvenir à des accords de paix – et de permettre à ceux qui ont fui de rentrer chez eux.
En réponse à cette vague de déplacement et de migration, des murs et des barrières continuent d'être érigés le long de dizaines de frontières. Les passeurs humains exposent les réfugiés désespérés à des projets de plus en plus dangereux. Le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) fait face à quatre urgences simultanées (Syrie, Irak, Soudan du Sud et Yémen), tout en luttant contre le défi de la protection des réfugiés et des migrations mixtes auquel font face des partenaires tels que l'Union européenne, la Turquie et la République centrafricaine.
Alors que le Canada a réinstallé plus de 23 000 réfugiés irakiens et 43 000 réfugiés syriens depuis 2011, le nombre de réfugiés syriens enregistrés a augmenté depuis le 3 novembre 2015, passant de 4,3 millions à 5 millions aujourd'hui – sans compter environ deux fois plus de déplacés à l'intérieur de la Syrie. Le nombre de personnes tuées dans le génocide syrien depuis 2011 a atteint 500.000. Depuis 2000, plus de 25 000 personnes de toutes les nationalités sont mortes dans les tentatives de traverser la Méditerranée. Malgré ces tendances inquiétantes, le nombre de réfugiés réinstallés en toute sécurité autour du monde a à peine augmenté.
Ces crises multiples ont d'autres coûts invisibles. Par exemple, les voyageurs provenant de dizaines de pays où des déplacements se produisent se voient souvent refuser des visas au Canada parce qu'ils sont considérés comme susceptibles de présenter des demandes d'asile. En conséquence, les entreprises souffrent; l'isolement se renforce; et les familles sont séparées pour des périodes prolongées.
Notre pays a trois forces uniques pour répondre aux déplacements: parrainage privé, programmes d’établissement solides, et le soutien du grand public canadien pour des programmes bien gérés destinés aux réfugiés et aux demandeurs d'asile. Nous devons nous appuyer sur les trois. Le Canada a la responsabilité d'être un chef de file en matière de rétablissement des réfugiés, d'asile, d'intervention d'urgence et de prévention et de résolution des conflits.
En tant que premier ministre dans un nouveau gouvernement Conservateur, je voudrais:
(i) fixer des niveaux annuels pour le parrainage privé des réfugiés en consultation avec tous les groupes admissibles jusqu'à 20 000 par an et s'engager à respecter une norme de 6 mois pour le traitement de ces demandes;
(ii) éliminer les arriérés dans tous les programmes de réfugiés, de personnes protégées, de considérations d’ordre humanitaire dans un délai de dix-huit mois;
(iii) créer de nouvelles équipes de protection dans les missions prioritaires pour identifier les personnes vulnérables et faciliter les audiences de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié (CISR) du Canada par vidéoconférence, avec un objectif de 1 000 cas entendus par les demandeurs à l'étranger au cours de la première année;
(iv) pour les personnes dont la demande de visa de visiteur est refusée, mettre à disposition un nouveau visa conditionnel à un engagement volontaire de ne pas présenter une demande d'asile au Canada;
(v) accroître le soutien du Canada au HCR et aux autres organismes qui répondent aux urgences en cas de déplacement, notamment en Iraq, en Syrie et dans la Corne de l'Afrique;
(vi) convertir et étendre le Programme fédéral de santé intérimaire en Force d’intervention sur la santé et l'éducation des réfugiés couvrant les soins de santé pour les demandeurs d'asile, les personnes protégées et les réfugiés au cours de leurs trois premières années et offrant de nouveaux programmes de soins de santé et d'éducation pour les déplacés forcés dans le monde;
(vii) défendre avec tous les partenaires de l'ONU un nouveau modèle d'asile qui met l'accent sur l'adjudication à distance d'un plus grand nombre de revendications visant à promouvoir la sécurité des demandeurs et à prévenir les déplacements dangereux;
(viii) promouvoir le parrainage privé des réfugiés dans l'Union européenne, aux États-Unis et ailleurs;
(ix) prôner la réinstallation des réfugiés par les États arabes et d'autres membres de l'OCI;
(x) concentrer le réseau d'établissement du Canada sur les besoins des réfugiés, en particulier le placement, les compétences et la formation linguistique;
(xi) permettre des politiques publiques pluriannuelles pour les groupes qui réinstallent les groupes de réfugiés vulnérables «sans fraude et sans assistance sociale» – sur le modèle réussi des réfugiés tibétains récemment réinstallés; et
(xii) alors que les déplacements restent à un niveau record, maintenir un niveau annuel de 40 000 réfugiés et personnes protégées par an, avec un accent fort et croissant sur le parrainage privé, les politiques publiques et la protection des personnes persécutées et vulnérables identifiées par les missions canadiennes à l'étranger.